Une soirée chez moi...
Dernière mise à jour : 16 déc. 2020
Laisse-moi te raconter comment j’ai su transformer les pleurs, les cris et les coups de mon garçon en moment doux et de complicité.
Lundi 16h30. Les enfants arrivent de l’école et de la garderie avec papa. Je suis au sous-sol en train de terminer de travailler. J’entends mon plus vieux crier et pleurer. Déjà? Comme tu peux te l’imaginer, je me suis sentie découragée face à la perspective d’une soirée avec un petit d’une humeur massacrante. Ma patience est grande, mais elle a aussi une limite. Et en ce lundi fin de journée, je sens que ma jauge à patience n’est pas à son maximum.
Je ne sais pas si tu es comme moi, mais je n’aime pas particulièrement les chicanes et les crises. J’aime que le retour à la maison se passe en douceur et dans la bonne humeur. Malheureusement, malgré toute notre bonne volonté, à mon chum et moi, ce n’est pas exactement dans cette atmosphère que les choses se passent à tous les jours.
La tribu débarque donc dans mon bureau au sous-sol et m’expose le problème. Agrémenter bien sûr de cris, de pleurs et de fermeture d’esprit… de la part de mon garçon. Il ne veut rien entendre, il ne veut qu’exprimer sa colère. Sa colère me met en colère et mon estomac me rappelle que le souper n’est pas encore commencé. J’ai donc décidé de quitter mon bureau et laisser mon garçon, en larmes et en colère, pour me rendre dans la cuisine. Ben quoi? Qu’est-ce que t’aurais fait à ma place? Je sais. J’aurais pu ou dû accueillir sa colère et l’aider à trouver une activité qui lui fait du bien. Je sais, mais je devais d’abord me gérer avant d’essayer d’aider mon enfant à se gérer.
Une fois le souper dans le four, je me suis assise en tête à tête avec mon grand pour, cette fois, écouter ce qu’il avait à me dire. Je lui ai reflété sa colère et son désir de tout détruire. Le tout a duré, je dirais une bonne heure. Tu te demandes peut-être comment j’ai fait pour rester calme et accueillante tout ce temps. Je ne le sais même pas moi-même. Je sais que j’ai pris des pauses et que mon chum prenait le relai. Ce qui est beau dans ça, c’est que nous avons chacun notre façon d’accueillir les émotions de nos fils. Je suis plus dans les câlins et lui, est plus dans l’humour. Et petit à petit, notre fils a commencé à sourire et à retrouver sa joie. Il a mangé et joué avec son frère.
Nous avons terminé la soirée dans le corridor en famille. Non pas en punition, mais pour s’expliquer notre nouveau système de récompense, soit le déclencheur-de-colère. Là où mon grand présentait beaucoup de fermeture d’esprit au début de la soirée, il est maintenant mon complice. Il parle doucement, explique ce qu’il comprend quand son frère pose des questions et démontre de l’enthousiasme.

Je n’ai pas de baguette magique et mon titre de psychoéducatrice ne me donne pas de super pouvoir de maman. Face aux émotions intenses de mes fils, je me sens, tout comme toi j’imagine, parfois submergée. Quand le vent souffle si fort que tu peux à peine ouvrir les yeux pour regarder où tu vas, pour quelle solution optes-tu? Décupler tes efforts pour avancer malgré tout ou prendre une pause le temps que le vent se calme.
Je choisis personnellement de prendre une pause. Parce que je sais que le vent se clamera. Il se calme toujours. Cette tempête passera comme la précédente et la prochaine. Parfois, tout ce que l’on a à faire c’est de s’assoir et d’écouter le vent. C’est stressant et chamboulant. J’ai appris à prendre chaque bourrasque, une à la fois. À reconnaître les émotions qui naissent en moi et à ne pas m’y attacher.
Nous avons donc fini la soirée dans la paix, la douceur à se raconter notre journée. Quand les enfants ont été couché, mon chum et moi avons pris une bière. Un lundi soir. Parce que, prendre des rafales de vent en plein visage, ça fatigue le physique et le moral. Nous avons débriefé et écouter une série qui met notre cerveau à off.
Tout ça pour te dire que c’est normal de se sentir dépassée, découragée et submergée. C’est normal de se sentir fatiguée physiquement et psychologiquement quand ces émotions s’invitent fréquemment.